Arnaud Clément - Les Carnets

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Audivisuel public : Et si les Sénateurs disaient "non" ?

Publié par Arnaud Clément sur 10 Janvier 2009, 23:38pm

Catégories : #Politique

   Débuté la semaine passée, l'examen du texte sur l'audiovisuel public et particulièrement, sa mesure phare, consistant à supprimer la publicité à partir de 20h00, sera à nouveau étudié par le Sénat la semaine prochaine.

   Rien de surprenant à ce que les sénateurs, après le vote des députés, doivent décider de l'avenir du service public en France. Sauf que depuis lundi dernier, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques est déjà entrée en vigueur... sans attendre les débats et le vote des sénateurs !
 
   Et les réactions ne sont pas tendres avec le Chef de l'Etat, à l'origine de cette idée, il y a un an. Christian Poncelet, ancien Président du Sénat et sénateur UMP des Vosges explique sur Marianne2.fr : "Je suis très surpris qu’on applique une décision avant que la loi soit votée ! C’est une attitude particulièrement inélégante de l’Elysée à l’égard du Sénat." Et plus loin : "Dans l’histoire du Sénat, je n’ai pas en mémoire de faits identiques." De la même manière, sans même aller regarder du côté de l'opposition, des sénateurs UMP ne cachent pas une véritable déception face au débat sur cette réforme. Par exemple, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier Ministre et sénateur UMP de la Vienne parle de "procédure inconfortable" ou Ladislas Poniatowski, sénateur UMP du l'Eure explique : "J'ai le sentiment d'être pris pour un zozo" !

   Quel mépris pour l'ensemble des membres du Sénat que la mise en application de cette disposition, qui fait partie de l'ensemble du projet de loi sur la réforme de l'audiovisuel public voulu par le Chef de l'Etat, avant le vote des sénateurs. Même si cette décision a finalement été prise par le conseil d'administration du groupe audiovisuel, où est le respect de la démocratie parlementaire dans cette affaire ? Comme j'ai pu le lire à de nombreuses reprises : "autant dire que le Sénat ne sert à rien…" ! Et si ce n'est évidemment pas le cas, beaucoup peuvent légitimement s'interroger après ce passage en force.

   Alors, à quoi faut-il s'attendre la semaine prochaine ? A une augmentation de la redevance audiovisuelle, c'est une certitude car c'est la volonté des sénateurs centristes ; sénateurs qui doivent absolument voter cette réforme au risque d'un échec pour le Gouvernement, car l'UMP ne dispose pas de la majorité absolue au Sénat. Au final, c'est une hausse de 5 euros de la redevance, qui serait à prévoir pour les Français en 2009. Une belle augmentation de 4,3% pour une mesure qui n'était ni inscrite dans le programme du candidat Nicolas Sarkozy, ni demandée par les Français. Et cela, sans parler de la nouvelle taxe sur les télécoms qui pourrait se traduire par une hausse de 15 euros par an de la facture télécoms, d"après le sénateur centriste de l'Eure, Hervé Maurey. Au final un peu moins de pouvoir d'achat aux Français, dans une période difficile, pour ce que je considère être un caprice du Président.

   Par ailleurs, j'ai été assez déçu de lire une interview récente dans le Figaro, du Président du Sénat, Gérard Larcher, expliquant que "Les Français ressentent la redevance comme une taxe alors qu'elle pourrait être comprise comme une contribution à une télévision publique de qualité. L'abonnement que l'on paye pour les chaînes câblées ou satellites est de 120 euros minimum par an, quand la redevance est de 116 euros par an. Serait-il inconcevable de demander 10 euros par mois aux Français pour une télévision de qualité sans coupure publicitaire ?" Gérard Larcher oublie simplement que l'abonnement aux "chaînes câblées ou satellites" est un choix, alors que le paiement de la redevance ne l'est pas. Par ailleurs, il faudra sans doute ne pas se contenter de la suppression des coupures publicitaires pour avoir une télévision publique "de qualité" ! Et je ne suis pas convaincu que la nomination du Président de France Télévisions par le Conseil des Ministres et la recherche de moyens pour compenser la perte des recettes publicitaires de ce nouveau groupe permettent d'atteindre cet objectif.

   Mais il faut être prudent car personne n'oublie la déclaration du Président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, qui expliquant son opposition à toute augmentation de la redevance, hors indexation sur l'inflation, avait dit le 12 novembre dernier : "Moi vivant, il n'y aura jamais d'augmentation de la redevance" et ensuite : "J'ai dit à Claude Guéant [le secrétaire général de l'Elysée] que c'était inacceptable. [...] Il est clair que nous ne l'accepterons pas, même pour faire plaisir aux centristes." Peut-être verra-t-on alors Jean-François Copé manger son chapeau, ou bien... assiterons-nous un vote négatif des Sénateurs ?

   D'ailleurs, que se passerait-il si les sénateurs avec la sagesse dont ils sont coutumiers, votaient "non" à cette réforme sur l'audiovisuel public ? La publicité serait tout simplement de retour sur les chaînes publiques... Pour ma part, j'avoue que cette perspective ne serait pas pour me déplaire. Non que je sois un inconditionnel de la pub (bien au contraire), mais cela permettrait peut-être à nos dirigeants de réfléchir et de ne pas prendre à l'avenir le Sénat pour une simple chambre d'enregistrement ! 

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H
Je ne vois pas trop ca que viennent faire les socialistes dans le commentaire précédent mais bon, chacun est libre de ses propos.Je suis socialiste et je suis contre la redevance télé. Je pense que c'est une taxe injuste : que vous ayez de quoi vous payer une télé plasma dernier cri ou juste un petit écran de 36cm, vous payez le même prix. Par contre il ne me paraîtrait pas anormal que les abonnés ADSL qui peuvent regarder la télé sur leur ordinateur contribuent au financement de l'audiovisuel public. Au nom de quoi certains auraient le droit de regarder la télé gratuitement par rapport à ceux qui n'auraient pas la chance de posséder un ordinateur. Par contre, taxer les téléphones portables me paraît un peu exagéré.Je suis d'accord avec vous M Clement, avoir une augmentation de la redevance en cette période de baisse du pouvoir d'achat n'est pas très judicieux et va même à l'encontre des promesses du candidat Sarkozy. Quant à la méthode employée, on fait les choses à l'envers c'est très clair et peu respectueux des institutions de la République mais cela ne m'étonne guère de notre président.Je suis d'accord avec le commentaire précédent, les méthodes de N Sarkozy sont (parfois) effrayantes.Et puis si vous vous plaignez de la redevance, vendez votre télé et venez  au théâtre les 22 et 23 janvier à 20h30 salle G Couté : la compagnie de la vieille prison présente : la tête des autres une très bonne pièce.....sur la justice et ses travers!Bonne soirée
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A
<br /> <br /> Heureux de voir, Hugues, mais je l'ai toujours pensé, que nous pouvons nous retrouver sur certains sujets. Bonne soirée à vous aussi !<br /> <br /> <br /> <br />
F
Une augmentation de la redevance, pour des chaines que l'on ne souhaite pas forcément, serait un scandale (et une pratique très socialiste en plus).Scandaleux, mais moins que de taxer pour la télé, en plus, les téléphones portables et les ordinateurs. Et quand même moins également que cette méthode de Nicolas Sarkozy, que je trouve quelque peu effrayante quand même...A bientôt
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